Never Ending Peace And Love
Après 2 h 30 de vol depuis Bangkok, me voila à Katmandou dans le royaume fascinant du Népal. Le pays s'étend tout le long de la chaîne Himalayenne entre les plaines fertiles du nord de l'Inde et le plateau désertique du Tibet. Le charme du Népal, son histoire, sa culture et ses traditions m'ont poussé à y retourner pour la deuxième fois pour redécouvrir ses temples, ses palais et surtout la beauté de ses paysages.
De hautes montagnes encerclent la vallée de Katmandou et un autre royaume se dresse vers le ciel, " la demeure des dieux " (en sanscrit: l'Himalaya). Il n'est pas indispensable d'être un grand aventurier pour découvrir l'univers de ces hautes montagnes. Un minimum de forme physique suffit aux randonneurs pour suivre les sentiers menant jusqu'à 4500 / 5000 mètres d'altitude. Au delà je laisse faire les Sherpas et les alpinistes chevronnés.
Le Népal s'étend sur 150 000 km2 (1/4 de la superficie de la France ). Il a la forme d'un long rectangle de 800 km de long sur 180 km de large. Sur cette petite bande de terre se trouve la plus grande dénivellation au monde. En effet, le Terraï se situe à 100 mètres d'altitude tandis que le sommet de l'Everest culmine notre planète à 8848 mètres. Entre ces deux points il n'y a que 170 km à vol d'oiseau.
Pays de moussons, le Népal compte une saison sèche d'octobre à mai et une saison humide de juin à septembre. Je suis actuellement au dernier mois de l'hiver, les journées sont très ensoleillées et la température flirte avec les 24 degrés dans la journée. A 1340 mètres, à Katmandou, il ne neige jamais et la limite des neiges éternelles se situe à 6000 / 6500 mètres. Le riz pousse jusqu'à 2000 mètres et les Sherpas cultivent les pommes de terre jusqu'à 4000 mètres. Le royaume du Népal est dirigé par Gyanendra.
En juin 2001 le prince héritier Dipendra a tué sa mère, le roi, son père, et ses frère et soeur avant de retourner l'arme vers lui même. Le nouveau souverain est désormais son oncle Gyanendra. Ce couronnement n'a pas enthousiasmé la population qui croyait en une conspiration, mais une commission d'enquête a confirmé que Dipendra était "pris de boisson". Mon oeil !
POPULATION - TRADITION - RELIGION
J'ai maintenant bien les pieds sur la terre des Dieux et je suis seule au milieu de 25 millions d'habitants dont un million qui vît dans la vallée de Katmandou. Parmi ces 25 millions de népalais, 42% vivent dans une très grande pauvreté et 62% sont analphabètes. Les services de santé, en dehors de la vallée de Katmandou sont insignifiants (1 médecin pour 15 000 habitants). L 'espérance de vie ne dépasse pas 57 ans en moyenne. La population de l'Himalaya est mongole d'origine tibétaine. Le centre du pays est peuplé de tibéto-birmans et la vallée de Katmandou rassemble des Newars aux influences du Tibet et de l'Inde, ils ont une caractéristique marquante qui est leur goût pour la vie communautaire. Ils sont hindouistes et soumis au système des castes. Les femmes Newars de la vallée portent un sari et un corsage agrémenté d'un châle, les hommes un pantalon bouffant resserré autour des mollets, une chemise et un gilet. Divers rites marquent la croissance des enfants. Le chef du clan, les prêtres et l'astrologue choisissent le nom, ils fêtent la présence de l'enfant sur terre et lui souhaitent une vie agréable.
Entre 3 et 7 ans on rase le crâne des garçons ne laissant qu'une mèche au sommet de la tête. C'est l'occasion d'une grande fête au cours de laquelle on sacrifie des animaux et où l'on marque l'engagement du garçon à demeurer célibataire et à se contrôler. Entre 5 et 11 ans les filles s'unissent au dieux Vishnou, Samskara glorifie la chasteté de la fillette et lui garanti un époux. Suit ensuite le rite de la première menstruation qui la protégeras de sa virginité et la gardera de la passion. Quant au mariage, il est négocié par un médiateur qui en décide la date à une période jugée propice par l'astrologue de la famille. Un cortège accompagne alors la mariée jusqu'à la maison de l'époux où elle reçoit une lampe à huile et les clef de la maison. Lors de la fête de l'union du couple on sert 84 plats traditionnels.
RELIGION DU NEPAL
Au Népal Hindouisme et Bouddhisme sont si étroitement mêlés qu'il m'est impossible de les distinguer. Le pays est officiellement hindouiste. J'ai beaucoup de mal à comprendre cette religion et je m'y perds tant il y a de dieux dans le panthéon hindou. Moulins à prières: Mantras: (textes religieux) Le Dieu suprême se présente sous trois formes physiques: Brahma (le créateur), Vishnou (le préservateur) et Shiva (à la fois destructeur et regénérateur). A chacun des dieux est associé un animal "véhicule" et une épouse dotée de certains attributs et aptitudes. Chaque dieu possède des avatars, ou, incarnations. La plupart des temples sont dédiés à l'un ou l'autre Dieu. Bonzes / Lamas: Sadhus: Gompas
KATMANDOU LA MYSTERIEUSE
Je suis belle et bien à Katmandou, dans l'agglomération la plus importante du Népal. Elle compte 500 000 ha et se situe à 1300 mètres d'altitude. La ville est toujours aussi étonnante et semble n'avoir pas changé depuis des années. Elle possède une tradition artistique et architecturale qui peut rivaliser avec n'importe quelle capitale européenne. Mon arrivée à Katmandou fut un choc brutal, mes yeux, mes oreilles et mon nez, sont assaillis. Je flâne dans des ruelles étroites où les balcons aux balustrades de bois sculpté surmontent les minuscules échoppes. Les places sont encombrées de temples et de monuments extraordinaires. Les marchés où une multitude de gens se pressent sont colorés de fruits et de légumes. La fumée de l'encens, l'épaisse poussière des rues, les caniveaux mal odorants et les tas de détritus, me plongent brusquement dans un décor du moyen âge. Je croise peu de riches mais énormément de pauvres gens. Entre eux, le fossé est immense.
La surpopulation et la misère sont présente de partout mais les gens dégagent bonne humeur, dignité et intégrité. J'habite tout près de Durbar Square et vis en toute sécurité. Dans ce quartier je perçois l'âme profonde de la ville. Ici, c'est truffé de temples et de templions, de places et de placettes, de maisons de bois, de statues de dieux et d'édifices trapus d'aspect médiéval. L'imposant temple de Ganesh au toit doré est le rendez-vous des dévots. Autour du temple de Shiva les coiffeurs s'exercent et les enfants jouent avec des cerfs-volants. Dans une grande rue dotée d'une imposante passerelle se trouvent les plus beaux bassins de la ville et je contemple les femmes qui viennent faire leur lessive. Assise sur le plus haut gradin du temple de Shiva je surveille l'activité débordante des marchands de quatre-saisons, les allées et venues des taxis et des rickshaws et les vendeurs de tout et de rien qui harcellent les quelques touristes présents. Kumari Bahal gardé par deux lions de pierre. Je m'attarde devant la gigantesque cloche qui ne tinte que lors des puja (cérémonies religieuses), les deux grands tambours devant lesquels sont offerts en sacrifice chèvres et buffles et le temple de Jagannath remarquable par ses motifs érotiques sculptés sur ses étais. Seto a le visage terrifiant et la tête recouverte de riz et de fleurs, des flots de bière se déversent de son horrible bouche. Les hommes se pressent autour de lui pour obtenir quelques gouttes de cette boisson bénie. Je suis maintenant devant Kala, une gigantesque statue à six bras. Kala porte une guirlande de crâne et foule des pieds un cadavre, symbole de l'ignorance des hommes. Séance culturelle, me voici devant la pierre gravée. Pour avoir le privilège de voir couler du lait de son orifice central il faut être capable de déchiffrer une phrase sacrée dans quinze langues différentes.
NEW KATMANDOU ET THAMEL
Je suis partie tôt pour faire une longue promenade dans la ville. En face le temple de Jaisi Deval j'ai vu des femmes fidèles venues implorer le gigantesque phallus de 2 mètres de haut cela afin de favoriser leur fertilité. Quelques mètres plus loin dans la grande cour du Ram Chandra des artistes sont venus sculpter des scènes érotiques, ils ont illustré 16 positions différentes depuis la position du missionnaire jusqu'à épuisement de leur imagination. Fresque érotique: Au sud de Thamel je m'arrête un instant en face le stupa de Thahiti Tole pour y déguster un thé Ilam. Ce stupa aurait été construit sur un bassin rempli de serpents venimeux. Me voici dans une rue très animée où travaillent des potiers, ils confectionnent des coupelles (celle même dans laquelle j'ai bu mon thé il y a quelques minutes).
Et puis voilà Asan Tole (tole signifie place) bondée de vendeurs, d'acheteurs et de passants. Ici toutes sortes de marchandises venant de la vallée débarque sur le marché. Les boutiques regorgent de fruits secs et d'épices. Un peu plus loin les gens qui souffrent des yeux viennent prier dans le temple au triple toit. Beaucoup de personnes sont rassemblées devant une grosse souche de bois recouverte de milliers de pièces de monnaie clouées. Et oui ! planter une pièce sur cette souche est censé délivrer des maux de dents. Au contour du stupa Kathesimbhu il y a deux lions décapités et la pagode dédiée à Harti, la déesse protégeant de la variole.
Avant de retourner à Durbar Square je flanne un moment dans Makhan Tole, une rue intéressante du vieux Katmandou. Celle ci était le point de départ pour rejoindre le Tibet. Elle est parsemée de boutiques de Thangka, de tableaux, de vêtements, de tapis de laine de yacks et de calottes népalaises. De pagode en pagode me voici au Kichandra Bahal (palais) sur les murs duquel un démon arrache un enfant des bras de sa mère pour le dévorer et deux autres enfants sans doute sur le point d'être avalés. Ce démon c'est Guru Mapa, il vît aujourd'hui dans un arbre, et chaque année un buffle lui est sacrifié. Avant d'arriver j'observe la splendide fenêtre du bureau philatélique, elle est appelée Deshay madu (en népali: "rien ne l'égale") Le new Katmandou lodge est sur ma droite, il est le bienvenu car je viens de parcourir 7 kilomètres dans la ville. A mon retour de Pokara (à l'ouest) je consacrerai encore beaucoup de temps à Katmandou.
LA VRAIE HISTOIRE DE KUMARI
Le Népal compte une infinité de dieux, de déesses, de divinités et d'avatars qui sont adorés sous forme de statues, d'images de peintures et de symboles. Mais le pays possède aussi une déesse vivante: la Kumari Devi, une fillette qui habite dans le palais de Kumari. Déesse vivante La coutume remonte à 1768 lorsque le roi Malla avait eu une relation sexuelle avec une enfant pré-pubère qui en mourut. En signe de pénitence il se mît à vénérer une fillette comme déesse vivante. Aujourd'hui la Kumari est choisie parmi les membres de la caste des orfèvres Newars.
Elle doit avoir entre 4 ans et l'âge de la puberté, et présenter 32 signes distinctifs bien précis qui vont de la couleur de ses yeux à la forme de ses dents en passant par le son de sa voix et son horoscope favorable. ( reste à madame de Fontenay à faire le reste ! ). Toutes les candidates sont rassemblées dans une pièce obscure où sont émis des cris et des bruits terrifiants et où des hommes terriblement masqués viennent danser sur un sol jonché de têtes de buffles sanguinolentes. Ces mises en scène ne doivent pas effrayer une véritable déesse. Aussi la candidate qui garde son sang-froid ne peut être que la nouvelle Kumari. Une dernière épreuve l'oblige à porter les vêtements et ornements de celle qui l'a précédé. L'enfant est alors installée avec sa famille dans le Kumari Bahal où elle vît entièrement cloîtrée, hormis le jour de la fête de Indra Jantra où elle est promenée trois jours sur un char à boeufs. C'est l'occasion pour elle de sortir et d'aller bénir le roi du Népal. Le règne de la Kumari prend fin dès l'apparition de ses premières règles où de toute autre perte de sang. Elle redevient alors une simple mortelle et l'on se met en quête d'une nouvelle petite déesse. La Kumarie vît à la charge du temple jusqu'à son départ, elle est bien traitée, bichonnée et richement dotée. Elle ne se mariera pas, car épouser une ancienne Kumarie porte malheur.........................
SWAYAMBHUNATH
" Le temple aux singes" Il est perché sur une hauteur de la ville de Katmandou. C'est l'un des symboles le plus populaire du Népal. Une grande tribu de singes s'est installée ici pour le plaisir des pèlerins et des touristes. Ils sont à la fois très amusants et surtout très chapardeurs. Selon la légende Katmandou était jadis occupée par un lac au milieu duquel émergeait une colline, celle même où se trouve actuellement le temple.
Pour y accéder je dois gravir 300 marches abruptes. Près des toutes premières marches j'aperçois une empreinte de pied, c'est certainement l'empreinte du pied de Bouddha. A mi-pente une scène représentant la naissance de Bouddha est gravée dans la pierre. Au sommet, la première curiosité du site est cet immense dorje (symbole de la foudre). Dorge en tibétain signifie tonnerre, il symbolise la puissance virile et est accompagné d'une clochette, emblème de la sagesse féminine. LE DORGE: La plate-forme du temple est surmontée d'un stupa géant. Il est formellement conseillé de le contourner selon le sens des aiguilles d'une montre.
Le stupa est surmonté d'un bloc carré dont les quatre faces sont ornées des yeux qui évoquent le regard vigilant de Bouddha embrassant toute la vallée. Un signe en forme de point d'interrogation à la place du nez représente le Ek (chiffre 9) qui est le symbole de l'unité. Entre les deux yeux se trouve un troisième oeil qui symbolise le pouvoir de clairvoyance de Bouddha. L'édifice est entouré d'une succession de moulins à prières que les pèlerins font tourner. Chacun de ces moulins contient des mantras sacrées (prières). " Om mani padme hom " (dieu donne moi une longue vie). Sur les fils tendus jusqu'à la flèche du stupa des drapeaux de prières flottent au vent, sur chacun d'eux figure une prière. La moindre brise disperse les mots sacrés. La base du stupa représente les 4 éléments: terre, feu, air et eau, tandis que les 13 anneaux concentriques de la flèche représentent les 13 étapes à franchir pour atteindre le nirvana. Le site est une pure merveille et j'adore y flâner et m'y recueillir. Tout autour du stupa il y a de nombreuses boutiques et échoppes qui vendent des bijoux et des souvenirs. Sur la droite du stupa je pénètre dans le gompas (monastère bouddhique tibétain), une cérémonie s'y déroule sous le son des sonneries et des trompettes. Le gompas abrite un gigantesque moulin à prières de 2 mètres de haut. Derrière le Stupa se trouve la bibliothèque bouddhique, un path (abri pour pèlerins) et les statues du Gange et de la Jamuna qui gardent une flamme éternelle. Grand nombre d'étudiants sont rassemblés devant le sanctuaire dédié à Saraswati, la déesse du savoir, ils viennent ici pour solliciter un succès.
PASHUPATINATH et BODHNATH
Ce matin je me trouve sur le site du plus important temple hindou du Népal. Pashupatinath est le principal temple de Shiva de tout le sous-continent indien. Le dieu Pashupati est celui qui veille sur tout le royaume du Népal. De nombreux Sadhus (religieux ascètes errants) sont là, ils sont venus d'Inde et de tout le Népal. A l'entrée du temple il y a de nombreux vendeurs d'offrandes, d'encens et de fleurs. Pour pénétrer dans le temple il faut se débarrasser de tout objet de cuir (produits provenant des vaches), chaussures, ceinture, bracelets de montres. Pahupatinath longe les berge de la Bagmati, rivière sacrée (comme Bénares longe le Gange). Tout hindou du Népal rêve d'être incinéré ici. Les Ghats de crémation situés en face le temple sont réservés aux incinération royales. Quant aux Ghats carrés en contrebas du pont, ils sont accessibles à tous, on y voit en permanence des crémations et ça sent bon le bois de santal brûlé Les Ghats de crémation: Après avoir dressé le bûcher, on installe le défunt enveloppé d'un suaire et on lui glisse de la graisse entre les mâchoires pour lui allumer le feu, dans un cérémonial des plus sobre. La crémation: Pour passer sur l'autre rive je traverse 2 passerelles et j'ai une vue magnifique sur les foyers. Je n'ai pas le temps d'attendre la fin, le moment où les restes du corps (une boule de goudron et les cendres) sont dispersés dans la Bagmati. Je me dirige vers les grottes où vivent les ermites et les sadhus et au contour de la maison du baba milk je m'attarde devant le temple de Guhyshwari "temple du vagin de la déesse", malheureusement l'accés est interdit aux non hindous.
De l'autre coté de la colline un long chemin mène à BODHNATH
LE SITE DU TEMPLE TIBETAIN DE BODHNATH:
L'immense stupa de temple de Bodhnath est le plus imposant du Népal et le plus vaste au monde. Bodhnath est le centre religieux de l'importante communauté tibétaine népalaise. Ces tibétains sont pour la plupart des réfugiés qui ont quitté leur pays après l'échec du soulèvement contre les chinois en 1959. Alors que l'oppression politique et religieuse règnent toujours au Tibet, Bodhnath est un des rares endroit au monde où la culture tibétaine peut s'exprimer sans entrave. Le stupa de Bodhnath se compose de 5 terrasses sur lesquelles on peut monter. Il ressemble a un gigantesque mandala, une figure où domine le cercle qui symbolise l'eau, entouré de carrés (la terre), eux même cernés d'un ou plusieurs cercles extérieurs. La tour qui surmonte la coupole représente le feu et la couronne terminale l'air. Ainsi les 4 éléments se superposent. Les 13 marches symbolisent les 13 stades et l'accès à la connaissance parfaite ou Bodhi, d'où le nom de Bodhnath est tiré. Cet après midi le site a retrouvé son véritable aspect de cité tibétaine, des cérémonies se déroulent dans la Gompas alors que le soleil décline. Bodhnath a toujours entretenue un lien avec Lhassa, l'une des grandes routes commerciale passait par Sankhu et Bodhnath et les marchands s'y arrêtaient pour exprimer leur gratitude d'avoir franchi l'Himalaya et pour prier afin que leur retour se passe sans encombre. Pour assister à la cérémonie qui se déroule dans le Gompas je suis obligé d'acheter un khata (écharpe blanche) que je dois remette au Lama et de donner quelques roupies pour pouvoir prendre des photos du site sans être ennuyé. Le Gompas est orné de fresques impressionnantes dont les sujets sont des dieux et de grands Lamas. La cérémonie est émouvante et envoûtante. Ce lieu inspire un profond recueillement. Les rîtes religieux sont marqués par des chants, des récits de textes sacrés, le tout ponctué par des coups de tambours, de cymbales de trompettes et de hautbois. Une fois désenvouté, je refais surface, il me reste maintenant à regagner Katmandou.
POKHARA ET TREK.
La route qui mène à Pokara représente 7 à 8 heures de trajet depuis Katmandou avec le bus local. Il m'en coûtera 200 roupies (3 euros ) pour couvrir 210 kilomètres. La route est dure mais les paysages merveilleux, elle longe des rivières encaissées, de profondes vallées et des collines dessinées par les rizières en étages. En bas, les torrents bouillonnent, en haut les cimes sont enneigées. A mi-parcours l'étape obligée est Muglin, où coule la Narayani, un affluent du Gange. De Muglin la route qui relie Abu Khaireni serpente dans une étroite gorge et les arrêts sont fréquents.
Pokhara:
Et voici Pokhara: la ville est réputée par la beauté de son site naturel en bordure d'un lac et à proximité des plus hauts sommets du monde. Pokhara est le point de départ des plus fameux treks du pays, treks accessibles même pour les marcheurs les moins hardis. Les premiers touristes qui découvrirent Pokhara furent les hippies de fin 60 début 70. D'ici l'on peut toucher du doigt l'Himalaya. De nombreux sommets surplombent la ville à 8000 mètres alors que Pokhara se situe à 880 mètres. La vallée de Pokhara compte 3 lacs dont le plus grand, le "Phewa Tal" qui se prête à d'agréables ballades à pied, en vélo ou en doonga (bateaux locaux). L'essor de la ville est récent et son développement est à mon sens trop rapide.
Le lac de Phewa: Je débarque à Lake Side, le quartier qui regroupe les hôtels, les restaurants et les agences de treks. Les trekkeurs sont nombreux et peuvent organiser des aventures sur mesure. 10 à 18 jours, 8 à 12 jours et moins. Les incontournables sont: le contour des Annapurna, le camp de basse d'Annapurna Sud, le camp de base du Machhapuchhare. Des treks plus gentils de 3 à 7 jours permettent de surplomber la vallée, d'approcher les sommets et de rencontrer les membres des ethnies Bahun, Chhetri et Gurung.
De partout le panorama sur l'Annapurna sert de toile de fond à Pokhara. Les montagnes surplombent le lac et s'y reflètent.
Trek: Le trek au camp de base du Machhapuchhare s'arrête à 4250 mètres alors que son sommet culmine à 7600 mètres. L'arrivée à la "queue de poison" se fait en traversant de charmants villages où il fait bon de passer des moments attachants avec la population locale.
LE TREK:
DEPART pour 5 h30 de marche sous la pluie fine. Pokhara est minuscule au fond de la vallée. Des sentiers de terre, des escaliers qui n'en finissent pas, j'ai l'impression d'avoir le vertige et me voici à Dampung un village qui semble être dépourvu de vie.
Soudain "Namasté....Namasté...." des écoliers accourent. Namasté est une formule de politesse qui veut aussi bien dire "bonjour", "bienvenue", "heureux de te rencontrer", "au revoir", "à bientôt", "bonne route". Le temps ne me permet pas de poursuivre et pourtant Patana est tout proche. Les gouttes cessent et trois enfants m'accompagnent à l'unique auberge du village. Ma chambre est sommaire mais douillette, le parquet est en bois et le plafond en rotin. J'ai la vue sur la prairie et la vallée désertique.
Aujourd'hui pour atteindre Patana je traverse une jungle épaisse, de gros nuages masquent la pointe du Machhapuchhare, je suis à 2700 mètres, c'est superbe ! Mes pieds sont en sang, des sangsues sont venues se loger entre mes orteils. Le traitement à la chaleur de la clope est de loin le plus efficace et les sangsues lâchent prise. J'avance progressivement et approche de Deurali. A Deurali je suis chez l'habitant, ils possèdent un dzo (croisement d'un yak avec un buffle). La dame est vêtue d'une shuba noire, elle sort sans manière son sein pour allaiter son bébé. Dans la pièce enfumée une casserole est posée en équilibre sur trois pierres léchées par les flammes d'un foyer qui sent rudement bon. C'est l'heure de la collation constituée d'une poignée d'orge grillée et moulue et d'un bol de thé. La soirée se termine au son d'un harmonica d'un tambourin et du tabla. Ce sont les Newars qui sont venu me souhaiter la bienvenue. , après demain pour atteindre les 4200 mètres.
A l'aube le décor est magnifique noyé dans la brume matinale. Je franchis un "passam" (un pont) fait de lianes tressées et de bambous assemblés. Il enjambe les flots d'un terrible torrent. Sur l'autre rive les toitures des maisons du village sont surmontées d'un mât où flottent des drapeaux à 'effigie du "Tâ" (le cheval porteur des prières des hommes vers les dieux). Sur les marches du petit temple de vieilles dames au visage ridé et buriné par le climat bavardent, tandis que les Lamas mènent leur tâche religieuse au son de cymbales et tambours. Les enfants ont les pommettes enduites de décoction de racines pour se protéger des rayons du soleil. Le vent s'engouffre entre les montagnes magiques, il affole les drapeaux à prières, les "loungtas", guirlandes ornées et multicolores qui tournoient.
Chaque ondulation d'un drapeau produite par le vent envoie vers le ciel une prière, une salutation aux dieux et apporte un supplément de karma à celui qui a noué un drapeau. L'environnement est dur en montagne, quand on se rencontre on ne demande pas "comment ça va ? " mais, "est-ce que tu as bien mangé ? " car ici, la nourriture n'est pas envisagée sur le plan de la nutrition ni du plaisir gastronomique. Elle est une autre dimension car elle est vitale et difficile à obtenir. Ce soir je suis logé simplement mais confortablement. Le chef de famille apporte la bouse de yak séchée et allume le foyer. Il m'offre une "tongba", une bière au millet chaude et fermentée. Elle est servie dans une choppe de bois et se boit à l'aide d'un fin bambou en guise de paille. La soupe est servie, c'est la "toukpa", soupe épaisse à base de viande de yak, de farine d'orge, de fromage séché et de navets.
Demain j'atteindrai le seuil des 4000 mètres. Il fait rudement froid ce matin et le polaire est de rigueur. Je quitte maintenant la végétation et progresse sur un sentier rocailleux enserré par d'énormes montagnes qui jaillissent vers le ciel menaçant. Je longe des murs de pierres, de gros rochers et des falaises. Des cailloux roulent sous mes pas, je croise un groupe d'hommes qui au péril de leur vie grimpent aux falaises avec des échelles de fortune, pour arracher le miel qui coule des nids d'abeilles géants. En altitude vivent les Sherpas de type mongol venus de Tibet. Ils sont célèbres en tant que porteurs. "Sher" signifie Est et "pa" peuple. Leur résistance exceptionnelle leur permet de marcher des heures avec des charges très lourdes. Le sentier qui mène à Landrung est relativement plat. Demain je partirai de Landrung pour l'ultime montée sur Chomrong. Le ciel est parfaitement dégagé et 'aperçois les sommets de l'Annapurna Sud, du Snow Pic, de l'Huchuli et d'Annapurna I . Il n'y a plus d'habitation jusqu'à Chomrong, les temples ont laissé place à de grandes pierres plates où sont gravées les prières. Ici la teneur en oxygène est réduite de deux tiers et je ne dois pas faire d'efforts inutiles pour éviter le mal aiguë des montagnes.
Je parviens difficilement au camp de base et j'aperçoit les glaciers qui viennent mourir vers 5000 mètres. Fiere d'être arrivée, je dépose mon sac et m'isole pour ne plus penser à rien. J'observe la beauté impressionnante de ce paysage dont je rêvais de côtoyer. Je continue à rêvasser et songe aussi à la descente via Tolka et Naudula pour rejoindre le confort de Pokhara. Le brouillard est épais, je mets le nez dehors et observe un groupe d'hommes qui agitent des drapeaux jaunes. Ils transportent un cadavre au bord de la rivière où il sera consumé avant que ses cendres soient dispersées dans les eaux. J'aborde la terrible descente sur Kaskikot, le ciel est toujours bouché. Quel dommage ! J'ai affreusement mal aux genoux mais il me faut résister car j'ai hâte d'arriver à Sarangkot. L'auberge dans laquelle je suis installée est dépourvue de douche, il me faudra attendre demain soir pour retrouver le confort. Après une omelette et une soupe je franchis le seuil de la porte, dehors il pleut abondamment. La patronne invite deux petits enfants à venir se réfugier à l'abri. Le crâne rasé, la morve au nez et engoncés dans leur bure crasseuse les deux petits me réclament un "sweet". Je n'ai pas de bonbons, mais en fouillant dans mon sac je retrouve une demi tablette de chocolat rassît. Un enfant déballe le chocolat, le contemple, le porte à sa bouche puis à la bouche de son petit frère et le remballe dans son papier d'argent. Un véritable trésor ! Il est temps d'aller dormir.... Je resterai 2 jours à Pokhara avant de retourner sur Katmandou où j'ai prévu d'aller sur quelques sites incontournables de la vallée
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DASKIN KALI et KIRTIPUR:
étranges cités Daskin Kali
Après l'ascension du col nous nous enfonçons dans une gorge profonde et débouchons dans la jungle où est aménagé un parking de fortune. Nous sommes à Daskin Kali. Depuis le parking nous marchons 15 minutes pour arriver au triste temple des sacrifices. Comme tous les samedis, C'est le moment de la cérémonie dédiée à la déesse Kali. Le temple de Kali est à ciel ouvert, dans une cour de 200 mètres carrés se rendent des centaines de népalais accompagnés de poulets, coqs, jeunes boucs et chèvres noires destinés à être sacrifiés. Le spectacle est impressionnant, le sacrificateur décapite une par une les bestioles à la machette. C'est pour calmer la soif sanguinaire de Kali et pour que le samedi (jour considéré néfaste) ne se déroule pas trop mal que les gens viennent si nombreux. Dès que la tête de l'animal tombe à terre, les fidèles récupèrent le corps de l'animal encore chaud et arrosent de sang les bas reliefs du temple. A l'issue de la cérémonie les familles pique-niquent au bord de la rivière, elles mangent grillées les bêtes sacrifiées et dépouillées. Après ce spectacle , à 150 mètres plus haut au temple perché où sont sacrifié les légumes et les fleurs. C'est plus romantique ! !
Kirtipur
Kirtipur n'est qu'à 6 kilomètres au sud de Katmandou. J'entame une longue marche jusqu'à la forteresse et là aussi j'ai eu le sentiment de me retrouver projeté des années en arrière Kirtipur fut au XVIII ème siècle une cité très importante. Curieuse anecdote: le roi Gorkha attaqua la ville, une flèche ayant crevé l'oeil de son frère, il ordonnât que l'on coupe le nez à tous les garçons de plus de 10 ans. Mais il en dispensa ceux qui savaient jouer d'un instrument de musique. Il imposa à la localité le nom de Naskhatpur " ville des nez coupés".
Sur la place du village se trouve le temple du dieu tigre et en contrebas un temple riche en couleurs, où des dioramas à taille humaine présentent les scènes essentielles de la vie de Gautama. Siddharta Gautama est Bouddha. Bouddha est né au Népal, à Lumbini il y a près de 2500 ans. Fils d'une mère fortunée, Siddharta découvre la misère du monde à l'âge de 29 ans au cours de quatre promenades. Il décide alors de tout abandonner et de trouver la voie de la délivrance de toutes les souffrances humaines. Après des années d'ascèse et de méditation il reçoit enfin l'illumination qui fait de lui le Bouddha, ("l'éveillé"). Lumbini reste le lieu le plus sacré de tous les bouddhistes du monde entier. Sur la colonne d'Ashoka érigée en 245 av JC est inscrit que Bouddha naquit bel et bien à Lumbini vers 560 av JC.
BHAKTAPUR
La cité médiévale
Pour me transporter à Bhaktapur je monte dans le trolleybus qui est stationné tout près du stade de Katmandou. Une heure plus tard il me dépose à l'entrée de la ville"
"............Il y a quelque chose d'irréel dans les édifices dans lesquels on se trouve.
On a l'impression de figurer sur la scène d'un theâtre au milieu des décors.
On s'attend à entendre un coup de sifflet et à voir surgir des machinistes qui soudainement enlèveront ces palais et ces temples fantastiques.............".
(Alexandra David-Neel)
"Au coeur des Himalayas".
Cette description faite il y a plus d'un siècle par une téméraire aventurière à propos de Bhaktapur n'a pas pris une ride. Bhaktapur est à mon goût la plus belle et la plus médiévale des villes de la vallée de Katmandou.Il sagit d'un immense village peuplé de paysans et d'artisans et rempli de temples et d'habitations superbes. La ville a été choisie par Bartolucci pour y tourner certaines scènes de son film "Little Buddha". Pour pénétrer dans la cité je dois m'acquitter de 750 roupies (10 dollars), ce prix est élevé mais justifié quand on voit les restaurations entreprises. Cela vaut le "coût" !
La ville est édifiée en forme de conque et elle est incluse dans un "triangle magique" formé par les trois temples de Ganesh. Bhaktapur est un monde à part avec son autarcie économique et sa féroce indépendance. Longtemps appelée "cité des dévots" Bhaktapur a su conserver son caractère religieux car ici tout est régi par les dieux et l'on a l'impression de vivre à la fois dans un grand musée en plein air et dans une crèche vivante.
A l'entrée de Durbar Square je contourne deux énormes stèles représentant Durga et Bhairava avec des colliers de têtes de mort autour du cou. Durga a 18 bras tandis que Bhairava n'en a que 12 ! Me voici au palais royal qui compte une centaine de cours intérieures toutes conçues en forme de damier. Le plus pur de tous les bâtiments juste à droite de la porte d'or est ce superbe palais aux 55 fenêtres juxtaposées. Pour mieux apprécier et m'imprégner de la splendeur de la ville je m'installe à la terrasse du café Nyatapola pour y prendre un thé et contempler en face de moi le plus haut temple du Népal aux 5 toitures superposées. Les statues qui le gardent représentent des lutteurs, des lions, des griffons et des déesses. Deux féroces lions-dragons gardent le Bhairav très vénéré.
Kumalé, le quartier des potiers:
Les rues de la villes sont admirables, surtout l'artère principale commerçante bordée de superbes maisons et d'échoppes pittoresques. L'ensemble des ruelles et placettes sont parsemées de temples de demeures médiévales et de monastères, tel celui de "Peacock" dont les fenêtres sont ornées de paon faisant la roue. Tout en flânant, me voici dans la rue des petits musées: celui du bois sculpté, celui du bronze et du cuivre et celui des peintures et des tangkhas. Après 10 minutes de marche je me trouve en plein moyen âge, à Kumalé, le quartier des potiers. Les tours à potiers sont confectionnés avec des roue de camions. La terre glaise provient de Thimi , un village tout proche. Une fois les poteries réalisées elles sont recouvertes de paille à laquelle est mis le feu, elles finissent ainsi à cuire dans les cendres. Je sors de la ville, traverse le quartier des intouchables, enjambe un pont et contourne le plus gros lingam du Népal, sur les bas reliefs J'aperçois Shiva nu et surtout bien en forme. Je ne quitterai pas la ville sans aller au musée des tangkhas. Ce sont les Newars de Bhaktapur qui ont exporté leurs oeuvres jusqu'à Lhassa au Tibet. Ils fondèrent même des écoles pour l'enseignement de leur technique.
La description des tangkhas je l'ai puisée dans l'ouvrage "héritage du Tibet": ".......Les tangkhas sont des bannières de soie peintes. Les représentations sont régies par une stricte compréhensions des valeurs bouddhiques. L'artiste a dû s'initier au savoir ésotériques avant de s'aventurer dans la représentation visionnaire d'un monde non rationnel. Ces oeuvres d'art ne peuvent et ne doivent être comprises que par les initiés, elles sont une image transitoire au service de leurs méditations, le symbole d'un processus spirituel qui débouche sur la pure vision intérieure..........................."
Hélas ! il me faut quitter Bhaktapur. Je regagne Katmandou pour mettre au propre mes notes et retourner dîner au restaurant tibétain que j'aime beaucoup. Demain matin j'irai me recueillir à Bouddhanilkanta et en fin d'après midi je quitterai le pays des dieux avec un pincement au coeur.
Last day in Népal: Le reste de l'après midi je le passe à aller saluer tous les gens qui m'ont offert des moments inoubliables.
Je suis placée sur la gauche de l'appareil, le ciel est dégagé et je profite quelques minutes de la magnifique vue panoramique sur la chaîne de l'Himalaya